Lumière bleue des écrans : les hypothèses à l’origine de l’angoisse collective

Lumière bleue des écrans : les hypothèses à l’origine de l’angoisse collective

Définition scientifique de la lumière bleue

La lumière que notre œil peut détecter est un assemblage composé de toutes les “couleurs”, chacune avec sa propre longueur d’onde. Parmi elles, les "longueurs d’ondes bleues" sont celles qui transportent le plus d’énergie.

De la même façon que ce sont les “ultra-violets”, c’est à dire les longueurs d’onde juste au-dessus des “bleues” dans le spectre lumineux (invisibles pour nos yeux), qui donnent les coups de soleil, alors que les infra-rouges, non).

En réalité, les sources de cette lumière bleue “énergique” sont omniprésentes dans notre quotidien : ce sont TOUS les appareils qui fabriquent de la lumière autour de nous (écrans d’ordinateur, smartphones, tablettes et même certaines ampoules LED, lumières de la maison, etc.)

Au-delà du marketing de la peur, très efficace pour nous faire acheter des lunettes “de protection”, et augmenter les marges des fabricants de lunettes ou d’ordinateurs avec protection anti-lumière bleue, il faudrait donc s’interroger d’abord sur la lumière bleue de TOUS les objets lumineux de notre quotidien.

Effets de la lumière bleue sur les yeux et le rythme circadien

Impact sur les yeux

On a émis l’hypothèse, pas vraiment vérifiée, que la lumière bleue pouvait être toxique pour la rétine, ou “créer” une sécheresse oculaire, ou des brûlures oculaires, ou de la “fatigue oculaire”. En réalité, chacune de ces hypothèses est impossible à affirmer car elle peut s’expliquer aussi par des mécanismes qui EUX, sont prouvés, et sans aucun rapport avec la lumière bleue :

L’impact sur le rythme circadien

On a émis l’hypothèse que notre rythme circadien (= le rythme automatique de notre corps) peut être perturbé par la lumière bleue, et qu’elle pourrait nuire à la qualité de notre sommeil.

Par exemple, il est prouvé que notre cycle veille-sommeil est régulé par la production de mélatonine, une hormone influencée par l’exposition à la lumière, qu’elle soit naturelle ou artificielle, bleue ou non. Mais rien ne prouve que ce soit la lumière « bleue », et pas tout simplement la lumière de l’écran à des heures et des durées “anormales” par rapport à un cycle normal de sommeil.

Il faut se protéger de la lumière bleue des écrans : vraiment …?

La lumière du soleil nous expose à 3500 % de lumière bleue/ de haute énergie en plus que nos écrans réglés au maximum de luminosité …

= Vouloir mettre à un enfant des lunettes de protection quelques heures devant un écran, alors qu’il ne porte pas de lunettes de soleil en extérieur, n’est pas logique …

En résumé, avant de porter des lunettes anti-lumière bleue dedans … il est important de porter des lunettes de soleil dehors…

Les effets de la lumière bleue sur la fatigue oculaire : est-ce vraiment le problème ?

La fatigue oculaire correspond au fait que l’utilisation des écrans nécessite des efforts musculaires intenses et prolongés : dans l’œil, c’est l’accommodation = la « mise au point », et autour des yeux, c’est le fait qu’il faut déplacer et coordonner nos yeux en permanence pour les déplacer sur l’écran, ensemble et en même temps, de façon extrêmement précise, à un rythme effréné pour suivre les informations (par exemple quand on « scrolle » , qu’on joue, ou qu’on lit).

Ces efforts musculaires extrêmement intenses et complexes finissent tôt ou tard, comme des crampes ou des courbatures, par se traduire par des tiraillements, des douleurs, une vue double ou bien floue … Personne ne s’étonne d’avoir mal aux jambes après un marathon en chaussures de ville, mais on s’étonne d’avoir mal à la tête après 4 heures d’écran dans une position inconfortable, dans un bus qui roule, après une journée de travail, avec des lunettes pas adaptées … et pourtant … les fabricants de lunettes de correction brandissent la lumière bleue comme bouc émissaire, de façon un peu trop simpliste et orientée…

Lien entre lumière bleue et fatigue oculaire : Bof …

On lit sur internet que “L’exposition accrue à la lumière bleue, notamment celle émise par les écrans, augmente significativement le niveau de fatigue ressenti par nos yeux.” la promotion de cette idée est donc un peu trop facile, avec peut-être un but moins avouable de vendre des lunettes ou dispositifs de protection …

L’origine de l’angoisse collective : la montée en puissance des écrans dans nos vies

Avec l’augmentation du temps passé devant les ordinateurs, tablettes et smartphones, nos yeux sont constamment exposés à des luminosités artificielles, qu’elles soient nocives ou non, bleues ou non. Que ce soit pour le travail au bureau, les sessions de gaming ou simplement pour naviguer sur internet, notre dépendance au numérique a considérablement augmenté, et le temps passé sur les écrans chaque jour explose dans nos vies, à tous les âges.

Le problème des écrans est plus complexe de la lumière qu’ils produisent

Ils peuvent également provoquer une surcharge d’informations et une pression sociale accrue, sources de stress et de mauvais sommeil, même si notre écran n’est pas bleu, ou qu’on porte des lunettes de protection anti-lumière bleue.

Les troubles musculo-squelettiques : Au-delà des problèmes de rétine, du port de lunettes ou non, il faut être conscient des autres conséquences physiques de l’utilisation prolongée et statique des écrans dans nos vie, qui elles, sont prouvées : douleurs cervicales, douleurs aux poignets, postures non-ergonomiques prolongées, réduction de l’effort moyen quotidien, qui augmente le risque cardio-vasculaire, etc. Ces conséquences sont certainement bien plus nocives pour notre santé que la lumière bleue …

Au-delà du problème de la qualité du sommeil, lunettes ou non, la lumière des écrans en fin de journée impacte avant tout la quantité de notre sommeil et notre fatigue : binge-watching, travail tardif, réseaux sociaux

Les médias sociaux, de plus, peuvent générer des stress de comparaisons constantes avec les autres internautes, créant ainsi un sentiment une stimulation intellectuelle, au moment même où le cerveau a besoin de ralentir pour accueillir le sommeil : même avec des lunettes anti bleu, le sommeil risque d’être impacté, et les lunettes anti-lumière bleue n’y pourront rien …

Au-delà de l’énergie de la lumière bleue elle-même, et de ses effets réels ou prétendus par le marketing à but commercial, sur notre rythme circadien, il faut réfléchir d’abord au stress que suscite ces comportements envahissants et souvent nocturnes, sur la qualité de notre sommeil et notre fatigue.

En effet, une nuit écourtée elle-même génère… de la fatigue oculaire le lendemain …

Les lunettes de protection contre la lumière bleue

Les lunettes de protection anti-lumière bleue filtrent-elles vraiment ?

Indiscutablement, les fabricants de verres sont capables de fabriquer des verres, et/ou des filtres bleus, qui bloquent une partie de la lumière, visible ou invisible : c’est le cas des matériaux anti-lumière UV depuis de nombreuses années, dont l’effet est prouvé pour les pathologies comme la DMLA. C’est le cas aussi des masques professionnels pour les soudures à l’arc, par exemple, responsables de brûlures superficielles extrêmement douloureuses pour les soudeurs : les masques récents ont fait disparaître cet accident.

La technologie permet donc effectivement de filtrer ces longueurs d’onde “bleues”. Ceci dit, la filtration ne pourrait être complète, sous peine de perturber intensément notre perception des couleurs : nos écrans, nos feuilles de papier apparaitraient très « jaunes», ce qui n’est pas du meilleur confort au quotidien. Le filtrage de protection anti-lumière bleue est donc volontairement incomplet, pour pouvoir continuer à “vendre” ces verres de lunettes “technologiques”.

Donc oui, ils peuvent filtrer, mais en pratique ils filtrent seulement partiellement.

Avantages des lunettes de protection anti-lumière bleue : vraiment … ?

On peut lire sur internet que “Ces dispositifs de protection anti-lumière bleue peuvent contribuer à améliorer notre sommeil, notre fatigue et notre bien-être général en réduisant l’exposition nocive.”

Comme discuté plus haut, dans la mesure où les hypothèses de départ ne sont pas prouvées, les bénéfices de leur correction sur la fatigue sont évidemment discutables aussi …

Derniers articles du CSO Orange

Comment traiter la tension oculaire ?
Vision déformée : faut-il consulter ?
Lunettes de soleil : comment choisir sa protection ?